Faut-il prendre au sérieux les déclarations du CEO de BlackRock ?

Larry Fink, PDG de BlackRock, ne se cache plus depuis un an concernant le Bitcoin et ses théories. Sa dernière déclaration secoue un peu le monde financier en annonçant que le Bitcoin pourrait remplacer le vacillant dollar qui croule sous la dette américaine.

L’hégémonie du billet vert se verrait donc remplacée par le Bitcoin comme nouvel “étalon or”.

Lorsque Larry Fink parle, on l’écoute, ce qui est logique lorsqu’on tient entre ses mains 11 000 milliards de dollars. Dans un contexte d’endettement galopant et de la montée en puissance du Bitcoin, les paroles du PDG de BlackRock ne passent pas inaperçues.

La question que soulève cette hypothèse est cruciale, Fink pose-t-il là un vrai problème ou fait-il simplement la promotion du Bitcoin afin de remplir son ETF IBIT ?

Entre la fragilité de la dette et le Bitcoin qui gagne du terrain, ces déclarations méritent un décryptage.

Un historique révélateur : le dollar sous pression

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dollar domine suite aux premiers accords de Bretton Woods. Ces accords placent, conformément à tous les représentants présents, le dollar comme la monnaie de référence pour le commerce international. Mais ce règne se trouve rapidement ébranlé.

D’abord, en 1971, Nixon suspend la convertibilité du dollar en or, ce qui le détache complètement de sa valeur et de sa rareté. Il place donc le dollar face à la vulnérabilité de l’inflation.

Aujourd’hui, en raison d’une impression monétaire infinie suite à la décision de Nixon, les États-Unis affichent 35 000 milliards de dollars de dettes. En plus, les intérêts de cette dette s’élèvent à 952 milliards de dollars.

Les BRICS tentent de ralentir leurs échanges en dollar afin de se détacher du billet vert. Cela rappelle déjà les tentatives des années 70 de dédollarisation suite au choc pétrolier.

Enfin, les déclarations de Larry Fink font écho à ces événements passés, qui aujourd’hui sont tous réunis en même temps.

Bitcoin : du rêve de liberté à menace pour le système

Le Bitcoin , créé initialement comme un moyen de s’affranchir du système financier suite à la crise de 2008, a pris une ampleur inattendue.

En effet, à l’origine, ce projet anarchiste n’avait aucune vocation à être un instrument financier. Pourtant aujourd’hui, BlackRock et Goldman Sachs investissent des dizaines, voire centaines de millions de dollars dans IBIT .

Désormais, via l’adoption des ETF avec BlackRock en tête, le Bitcoin devient un instrument financier comme un autre.

Avec près de 100 milliards de dollars dans les ETF Bitcoin, le Bitcoin autrefois marginal devient légitime.

Un paradoxe qui rappelle l’or, d’abord un simple minerai qui est devenue la référence de valeur refuge dans le monde entier.

Fink voit dans la trajectoire du Bitcoin le nouvel étalon capable de stocker de la valeur mieux que n’importe quel autre monnaie. Couplé à sa facilité de transaction contrairement à l’or, c’est un sérieux candidat.

Enfin, le dollar repose uniquement sur la confiance qu’ont les systèmes centralisés dans sa valeur. Le Bitcoin, lui, repose sur un système mathématique et la rareté de sa production bien plus stable en théorie pour être une valeur refuge.

Déclarations de Larry Fink, opportunisme ou réelle vision ?

Quand Fink évoque le dollar comme menacé par le Bitcoin, il faut analyser et lire entre les lignes. Cela peut être une simple stratégie commerciale comme une analyse sincère. Aussi, derrière ses paroles, se cache peut-être un mix parfait des deux possibilités.

En intégrant du Bitcoin dans ses fonds suite à l’introduction de l’ETF IBIT largement majoritaire, BlackRock a su se positionner tôt et a déjà ramassé une quantité d’argent phénoménale.

Les ETF Bitcoin spot sont les ETF ayant attiré le plus de capitaux lors de leur lancement de l’histoire.

Le PDG de BlackRock n’en a sûrement pas assez, et souhaite davantage d’investissement dans IBIT puisqu’il gagne sur les deux tableaux. Si les gens achètent l’ETF, ils font monter le prix en plus de lui donner des frais.

Ensuite, il faut bien comprendre que le risque est réel concernant la dette américaine. Cependant, de là à dire que le Bitcoin va remplacer le dollar, il y a un océan. Venant de l’homme qui gère le plus d’actifs au monde, littéralement le roi de Wall Street, ces déclarations tranchent.

Il se peut que suite à son revirement récent, dès que les théories sur un ETF Bitcoin ont émergé, traduit plutôt l’opportunité saisie qu’une vision d’un Bitcoin providence.

Aussi, il se peut qu’au fond de lui, cette possibilité soit sérieuse, d’où le positionnement de près de 100 millions de dollars de BlackRock dans son ETF IBIT.

Parallèles et perspectives

L’Euro, lorsqu’il débarque à la fin du siècle dernier, se positionne comme une menace au dollar. Aujourd’hui, il représente environ 20 % des réserves des banques centrales, contre 60 % du dollar.

Aujourd’hui, le Bitcoin se positionne 17ᵉ lorsqu’on le place au milieu des M2 supply . Bien loin des USA avec une circulation de 21 600 milliards de dollars.

Il se peut, qu’avec le temps, il gagne encore du terrain au sein des réserves de banques centrales et donc que sa valeur augmente.

La vulnérabilité du dollar face au Bitcoin au sens propre n’est pas une urgence. Il faudrait d’abord que le Bitcoin s’impose comme une valeur de référence.

Or, ce n’est pas le cas en raison de sa volatilité toujours trop élevée et le manque de stabilité contrairement à la monnaie centralisée d’un État.

Enfin, il faudrait bel et bien un effondrement du dollar avant que Bitcoin le remplace.

Prendre au sérieux les déclarations de Fink, ce n’est pas être rêveur. C’est reconnaître qu’elles s’appuient sur des tendances réelles. L’érosion de la confiance internationale, l’attrait des particuliers pour la décentralisation qu’offrent les crypto et l’ambivalence de Donald Trump vis-à -vis du billet vert et des cryptos.

Pourtant, nous sommes loin de l’effondrement du dollar et comme souvent, la FED ne se laissera pas faire. Si les États-Unis doivent détruire le Bitcoin au sens littéral du terme pour sauver le dollar, ils le feront.

Pour l’heure, ses propos sont surtout un moyen d’attirer des capitaux dans son ETF. Le dollar vacille certes, mais le Bitcoin est davantage sa poule aux œufs d’or depuis un an maintenant.

Source : FiatMarketCap , Fintel

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